Après l’épisode actif de la semaine passée (du mardi 12 au dimanche 17 janvier), l’enneigement dans notre massif est maintenant proche des valeurs de saison en cette fin janvier. On relève environ 70 cm vers 1000 m, 1m30 vers 1300/1500 m et non loin des 2 m sur nos sommets (ou hautes combes).
Comment va évoluer la situation pour cette fin janvier ? Quels effets du réchauffement stratosphérique sur la météo à venir dans notre massif ? Eléments de réponse ci-après.
Vortex polaire et réchauffement stratosphérique : explications
Le vortex polaire, ou vaste dépression d’altitude, situé au pôle Nord, prend de la vigueur en hiver dans cette région du globe qui ne voit pas le soleil pendant plusieurs mois. Le contraste thermique plus important entre ces régions du pôle et celles de l’équateur implique un jet stream plus actif, « ceinturant » ce vortex polaire. Ce courant jet (vent fort à haute altitude) peut s’apparenter grossièrement à la ligne discontinue blanche dans l’image ci-dessus. Cette dernière nous montre un cas de vortex polaire concentré où la dominante du flux en Europe est souvent d’Ouest à Sud-Ouest, synonyme de douceur et/ou d’humidité en France et sur les Alpes.
Au-dessus de la troposphère (couche entre 0 et 10 km d’altitude environ), se situe la stratosphère (10 à 50 km). Cette dernière couche subit quelques fois un réchauffement brutal, que l’on appelle « réchauffement stratosphérique soudain » (SSW pour Suden Stratospheric Warming en anglais). Ce réchauffement, associé à une hausse de température de plusieurs dizaines de degrés en quelques jours (on passe ainsi de -70/-80°C à -20/-30°C) perturbe le vortex polaire (image ci-dessous).
Ce réchauffement stratosphérique perturbe le vortex polaire en le déconcentrant (ou en l’éclatant), comme on peut le voir sur l’image ci-dessous.
Conséquences, la formation d’anticyclones vers des latitudes plus élevées (on peut en voir deux sur l’image ci-dessus : un vers le Groenland, l’autre vers l’Alaska). Le jet stream est, de ce fait, également perturbé, ondulant autour du globe. Ces anticyclones permettent de drainer ces « parties » de vortex polaire et donc d’air très froid en altitude vers des latitudes nettement plus méridionales et concerner par exemple la France. D’autres régions, connaissent par contre des conditions sensiblement plus douces que la normale (effet balancier). Ainsi, la finalité n’est pas toujours la même et un réchauffement stratosphérique n’apporte pas toujours de l’air glacial en France.
Conséquences pour les Alpes et les Aravis ?
Le réchauffement stratosphérique passé a conduit à la formation d’un anticyclone polaire, drainant un « morceau » de vortex polaire vers l’Islande et les îles britanniques. Toutefois, ce « morceau » n’ira pas plus au Sud. La France et les Alpes devraient ainsi connaître un flux d’Ouest à Nord-Ouest frais avec un jet stream bas en latitude pour cette fin janvier.
De nombreuses perturbations devraient ainsi défiler dans ce genre de flux, apportant de copieuses pluies en vallée et d’abondantes chutes de neige en montagne. La limite pluie/neige devrait ainsi varier selon l’orientation du flux (d’Ouest à Nord-Ouest avec de la neige à des altitudes plus basses lors des bascules en flux de Nord-Ouest). Des cumuls de l’ordre de 150 à 200 mm pourraient ainsi être envisageables dans notre massif des Aravis, soit jusqu’à 2 m de neige supplémentaire dès la moyenne montagne (>1500/1800 m) d’ici la fin du mois de janvier.
Une situation à suivre au jour le jour dans le bulletin quotidien pour préciser la limite pluie/neige et les quantités de précipitations.